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Critique Ciné

VOLVER

 

vous offerte

                                

par

Anthony Steyning

                        

Traduite par Raphaël Loison

 

 

(un mari au lit, essayant d'embrasser et de caresser son indifférente épouse) Tu es en colère ?

(la femme, qui vient de revenir du village) Non, je m'inquiète à propos de ma tante.

(Soudain, en voix-off, la respiration bruyante du dit mari en rut qui a choisi de se masturber)

Si vous pensez que ceci n'a rien de franc ou d'osé en matière d'imagerie cinématographique, je suis pleinement d'accord. C'est pathétique, en particulier comme tentative d'humour dépravé mais galvanisant. De plus, Penelope Cruz n'enlève jamais ses boucles d'oreilles gitanes durant cette scène ou aucune autre de cette brochette de clichés risibles ou de fausse intimité caractérisée par une petite miction par ci, un petit vent par là. Ou encore les gros plans sur les seaux à ordure qui encombrent le métrage entre un couteau ensanglanté, la préparation d'une crème caramel et des plongées gratuites sur la poitrine rehaussée de la star. La chère femme chante même une chanson ‘spontanée’ dans une auberge qu'elle a ouverte ‘spontanément’ à une équipe de cinéma apparue tout aussi ‘spontanément’ alors que son mari repose dans un congélateur après avoir tenté de violer sa fille mais qui s’est retrouvé à la mauvaise extrémité du couteau de cuisine tenu par la môme. Une fille aussi spontanée, tout sourires, uniquement attristée de l'absence de castagnettes et d'une rose entre les dents du guitariste lorsque sa mère ‘chante’ en play-back une très ‘émouvante’ chanson. Tout cela sans rapport avec le meurtre sanglant que vient de perpétrer l’enfant quelques heures plus tôt, ce qui, avec un peu de chance, aurait pu être, un de ces jours, le sujet d'un vrai long métrage.

Ce film, très funèbre, très province, est une sorte de mauvaise imitation de la "Maison de Bernarda Alba", la puissante tragédie de Garcia Lorca, parsemée de tranches de ci et de tranches de ça comme autant de maladroites transitions dans une tentative désespérée de banquer sur l'incompréhensible popularité de Penelope Cruz. VOLVER est le nom de la chanson qu’elle ‘chante’, tout en signifiant également le "retour" d'une mère morte et bien enterrée. C'est son revenant que la soeur de Penelope un moment interroge comme si de rien n'était : " Oh, Bonjour Maman, y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour toi que tu n'as pas pu faire quand tu étais en vie ?" mais une mère d'un coup bien vivante, assistant même la dite sœur dans son salon de coiffure, ce qui fait de sa question la cause de notre totale stupéfaction.

Autrement dit, trop de brune joliesse hispanique, principalement destinée aux spectateurs étrangers, à ceux qui auraient visité Torremolinos, lu en classe tout ce qu'il y a à savoir sur les taureaux par Hemingway, et à qui on offre maintenant cette pitance de VOLVER. Quelle idée vont-ils se faire de l'Espagne ? Est-ce cela ? L'ennui c'est que ce n'est pas une comédie; ça commence comme une comédie mais aspire à tort à être une authentique tragédie et y échoue parfaitement du fait de ce chemin si stupidement adéquat. De toute façon cette oeuvre est trop longue d'au moins 40 minutes, agrémenté de détails absolument sans intérêt, y compris une déconcertante agitation interminable pour se débarrasser du corps du mari violeur. En plus il y a eu un événement similaire, bien avant, impliquant un grand-père. Le score : viols incestueux 2 - film 0; mais, au moins, on nous épargne la scène où la mère et la fille en pleurs sont emmenées directement en prison par quelque policier consciencieux de la Garde Civile. Vous pensez, cela aurait été trop prévisible... Quels diables d'esprit, quelle originalité, ces auteurs !

Les fantômes ne pleurent pas, dit la grand-mère revenue de la mort à sa petite-fille. Mais en fait si, ils pleurent, en particulier d'être piégés dans un film insipide qui ne nous laisse rien qu'une star totalement à côté de son personnage, trop jolie pour être une paysanne débraillée et trop mécanique malgré des tonnes de larmes d'oignons. Il est évident pour tout accro de cinéma que Penelope Cruz ne peut pas porter un film, ses yeux de biche et ses lèvres voluptueuses plus adaptées à des sitcoms encore plus creuses. Quant à Sr Almodovar, il semble avoir tout perdu de sa veine névrotique et a sombré dans un art d'excitation revu par un habile homme d'affaires espagnol. Toute nomination serait tout à fait hors de propos et c'est un reVOLVER que j'aimerais me procurer. Ou mieux, l'immortel "Le Guépard" de Visconti, voilà comment l'art cinématographique a su mettre en scène la décadence provinciale.

 

 

 

 

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